L'année 1950 marque l'éclatement
des thèmes daliniens. Après sa visite à Rome
en 1950 et sa rencontre avec le pape Pie XII, Dali explore l'iconographie
de la Renaissance avec ses thèmes religieux catholiques.
Ne possédant pas la foi mais tout le mysticisme espagnol,
il oriente sa peinture vers des thèmes célestes et
sacrés, avec comme toujours comme personnage central Gala.
Toutes ces oeuvres sont basées sur des rapports
mathématiques rigoureux et thèmes rappelant le sacré.
Dali fait la synthèse entre mystique nucléaire et
classicisme et en énonce les grands principes dans le «
Manifeste mystique » publié en 1951. Il veut peindre
notre époque avec les recettes des grands maîtres du
passé.
Depuis ses tous débuts en peinture, Dali
a attaché une grande importance à la construction
de ses tableaux. Fasciné par la dynamique de la spirale logarithmique,
sa théorie paranoïa-critique l'a amené à
étudier certains tableaux classiques sous l'angle mathématique.
Faisant un parallèle (paranoïaque) entre ces courbes
parfaites et la corne mystique du rhinocéros, symbole de
puissance et d'érotisme, Dali va générer une
nouvelle iconographie phallique.
Ce nouveau délire créatif va le conduire
à l'analyse d'un tableau de Veemer qui le fascinait depuis
son enfance, dans une esthétique cornue : « La dentellière
». Il en fera un sujet délirant de documentaire filmé
: Histoire prodigieuse de la dentellière et du rhinocéros,
publiera plusieurs articles et fera des conférences.
La notion de double qui conditionne tout un aspect
de la vie et de l'oeuvre de Salvador Dali commence avec la mort
pré-natale de son frère continue avec sa méthode
paranoïa-critique décelant le double langage des choses,
comme pour la fusion entre Veemer et la spirale logarithmique.
À la fin des années 50, Dali s'intéresse
aux images en trois dimensions, travaille sur des oeuvres en relief
et réalise une série d'oeuvres stéréoscopiques,
des images doubles presque similaires qui observées simultanément
deviennent, par la magie des lois de l'optique, une seule et même
image avec une profondeur.
Dali développe également une nouvelle
technique de peinture : le boultisme, ou peinture à l'arquebuse,
par « éclaboussure immaculée ». En 1954,
c'est le début du tournage du film « Histoire prodigieuse
de la dentellière et du rhinocéros » réalisé
par Robert Descharnes. En 1959, il présente à Paris
de son invention : « l'Ovocipède ». |