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Miklos Gaál, est l'un des protagonistes
de la nouvelle génération de photographes finlandais
réunis sous le nom de Helsinki School.
Ses images sont caractérisées par
un flou qui n’est provoqué ni par le mouvement de l’objet
photographié, ni par celui du photographe. Gaál l'obtient
par une manipulation directe de la plaque dans l’appareil
au moment la prise de vue. Le résultat est d’autant
plus troublant que le point de vue du photographe se pose à
une grande distance de la scène et très en hauteur.
C’est comme la vision d’une rue à travers une
fenêtre située dans les étages et dont la vitre
serait par endroits couverte de buée.
Gaál est un photographe du réel qui
déclenche une réflexion sur les conventions du regard,
la vision de la réalité et sa reproduction picturale.
Miklos Gaál pose, de façon ludique, la question de
la véracité de l’image. Ses photos traitent
de sujets a priori banals. Celles-ci nous placent d’abord,
par une association de flous et de nettetés improbables,
devant la certitude d’avoir affaire à un modèle
réduit. Un deuxième regard vient alors démentir
cette 1ère impression. La certitude fait place au scepticisme.
Il nous faut alors accepter ce cruel paradoxe qu’est
la photographie même, à la fois mensonge et vérité.
Le sceptiscisme dépassé, vient enfin le repos, l’apaisement
où la réalité s’evanouit pour faire place
à l’œuvre. Une œuvre dont le regard, ludique
et plein de tendresse, vient estomper les individualités
pour faire place à une humanité réunifiée,
nette, sans heurts, aux couleurs lumineuses, et aux situations souvent
cocasses. Car c’est au final le rire que les photos
de Miklos Gaál déclenche : un rire neuf, sain, épuré
de tout doute ou angoisse. L’angoisse de n’être
qu’homme. |